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détermine presque impérieusement. Les habitudes d’activité, de constance dans le travail, appartiennent aux pays froids ou tempérés. Dans les terrains fertiles, dont la température est douce, les sens épanouis par une nature riante, et par la facilité de satisfaire les premiers besoins, sont toujours ouverts aux impressions agréables. Les travaux assidus, les habitudes régulières, les réflexions que ces travaux exigent, semblent étrangers à leurs habitans : le goût du plaisir, les affections vives, mais peu durables, forment le fond de leur caractère ; et leur légèreté même rend leur amabilité plus générale et plus habituelle. Sur un sol, au contraire, où la nature offre peu de moyens de subsistance, dont le séjour ne peut devenir habitable qu’à grands frais, les hommes sont forcés à la constance dans leurs entreprises ; il faut qu’ils deviennent sobres, réfléchis, industrieux : l’art et le labeur peuvent seuls triompher des localités : les habitans ont besoin de subjuguer le climat, s’ils ne veulent pas que le climat les dévore. Les fugitifs qu’on vit aller chercher dans les lagunes du fond de l’Adriatique, un asyle contre les dévastations et contre la tyrannie, qui, sous différens noms,