Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cher particulièrement, et l’on pourroit dire presqu’uniquement, dans la nature des travaux qui remplissent la vie des uns et des autres ? De-là, dépend donc aussi la nature de leurs sentimens et de leurs idées : certaines impressions particulières, liées à ces mêmes travaux, doivent nécessairement ramener pour eux, chaque jour, et ces idées, et ces sentimens. Le caractère pillard des peuples Nomades, le caractère perfide et cruel des peuples Chasseurs ; enfin, le caractère plus doux des agriculteurs, des commerçans, des artisans industrieux, dont l’aisance et le bien-être sont plus assurés, se rapportent entièrement à la nature des soins respectifs auxquels ils se livrent, au genre de mouvemens que ces soins exigent. S’ils se fussent adonnés aux mêmes occupations que les Spartiates, les Athéniens seroient devenus hautains et cruels : les entreprises de l’industrie et du commerce, la culture de la philosophie et des arts, auroient rendu les Spartiates aimables et polis comme les Athéniens. La férocité romaine ne s’adoucit jamais qu’imparfaitement par le commerce des Grecs plus éclairés, et même par la culture des lettres, dans lesquelles les Romains furent