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tructions et des maladies de la peau, par les Russes d’Asie et les Sibériens. Les médecins allemands ont essayé les solanum, les ciguës, la laitue vireuse : l’aconit même est assez familièrement employé dans le Nord : on y a tenté jusqu’à l’arsenic[1], mitigé par les alkalis fixes, dans le traitement des fièvres intermittentes ; et quoique les essais de ce dernier poison paroissent avoir été par-tout malheureux, ces expériences, que quelques médecins français n’ont pas craint de répéter dans nos climats, y ont été bien plus funestes encore, et bien plus promptement mortelles.

Enfin, si l’on veut chercher des faits analogues chez un peuple grossier, où les pratiques vulgaires ne peuvent être dues aux théories, souvent si vaines, des hommes de l’art, qu’on jette les yeux sur le voyage de Linné en Laponie : on y trouvera que cet immortel naturaliste vit les habitans du pays

  1. Russel, médecin de la compagnie anglaise des Indes, affirme, dans une bonne histoire qu’il a donnée des serpens du Bengale, que les naturels du pays employent avec succès contre la morsure des espèces les plus dangereuses, l’arsenic combiné avec l’opium et avec divers aromates stimulans.