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L’art exerce sans doute un empire très-étendu sur le sol : il peut quelquefois transformer des marécages en fécondes prairies, des coteaux arides en vignobles rians, des forêts ténébreuses et malsaines en plaines salubres, couvertes de riches moissons. Cependant il est impossible de citer un climat bien caractérisé, qui n’ait pas résisté constamment à tous les progrès de la société civile, et à tous les travaux d’amélioration qu’elle fait entreprendre. Les traits qui distinguent un pareil climat, sont tellement identifiés avec ceux qui en caractérisent les terres et avec la disposition du sol ; ils ont été si fortement imprimés par la puissante main de la nature, que les efforts de l’homme s’épuisent en vain pour les effacer. Quelque changement qui puisse s’opérer à la surface de la terre, ses qualités intimes, sa latitude, l’abondance, ou la rareté des eaux, le voisinage, ou l’éloignement des mers et des montagnes, le caractère et la direction des fleuves, lui conservent toujours ses principales propriétés originelles : et soit immédiatement et par lui-même, soit médiatement et par le genre, ou par les qualités particulières de ses productions, le climat exerce toujours son