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dans leurs cœurs, des sentimens iniques, cruels et malheureux. C’est uniquement sur quelques coins de terre favorisés de la nature, et d’ailleurs très-bien cultivés ; c’est au sein de quelques fortunés vallons, que des bergers riches et tranquilles ont pu donner des soins particuliers à l’éducation de leurs troupeaux ; c’est uniquement là, que l’aisance de la vie pastorale, et les doux loisirs qu’elle procure, tournant les esprits vers la culture de la poésie, ou vers l’observation des astres, ont pu réellement imprimer aux goûts de l’homme social plus d’élégance, peut-être même donner à ses mœurs plus de pureté. Mais, en faisant ces concessions, qui pourroient encore être facilement contestées, ajoutons qu’il faut retrancher des images sous lesquelles on aime à se représenter les pasteurs babyloniens, et ceux de l’Arcadie, ou de la Sicile, tout ce que l’enthousiasme des poètes bucoliques n’a pas craint d’ajouter à la vérité de la nature, et tout ce que l’imagination des lecteurs ajoute encore elle-même ordinairement, aux inventions de ces poètes. Peut-être alors, ces charmantes peintures pourroient-elles se rapporter à quelques objets réels. Mais, au reste, ce n’est point