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concours de toutes les circonstances physiques, qui caractérisent le local où sont fixées leurs habitations.

Certaines traditions, prétendues historiques, les fictions des poètes, les rêveries même de quelques philosophes ont représenté la vie pastorale comme le modèle des vertus et du bonheur. Mais ces brillans tableaux ne sont que des illusions, démenties par tous les faits. Les peuples purement pasteurs n’ont été de tout temps, et ne sont encore aujourd’hui, que des hordes de brigands et de pillards. Dans leur vie vagabonde, ils regardent tous les fruits de la terre comme leur appartenant de droit : ils n’ont aucune idée de la propriété territoriale, dont les lois primitives sont la base, ou la source de presque toutes les lois civiles ; ils ignorent sur-tout ces conventions postérieures, qui sont venues bientôt dans les sociétés agricoles et commerçantes, consacrer indistinctement et d’une manière égale, tous les genres de propriété. Dans leur séparation forcée des autres peuples, les peuples pasteurs s’habituent à traiter en ennemi, tout ce qui leur est étranger. Cette haine générale et constante de leurs semblables fomente nécessairement