Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des projets sanguinaires ? à l’endurcir contre la pitié, comme contre la peur ? à étouffer et à glacer presque toutes les émotions sympathiques de l’humanité ?

On observe des habitudes et des penchans analogues chez les peuples pêcheurs, sur-tout chez ceux qui bordent les côtes des mers glaciales : et cela doit être encore ainsi. Peut-être même le caractère furieux de l’élément dont ils tirent leur principale nourriture, les dangers qu’ils affrontent pour la conquérir, les objets funestes qu’ils ont sans cesse sous les yeux, l’austérité du froid et les impressions pénibles de tout genre, doivent-ils les rendre plus sauvages et plus féroces encore. Quant à leur intelligence, quoique les travaux habituels auxquels ils sont livrés, exigent beaucoup de combinaisons, elle ne paroît cependant pas aussi développée, toutes choses d’ailleurs égales, que celle des peuples pasteurs : ce qui peut tenir, en écartant les causes directement morales, dont nous ne devons pas tenir compte ici, tantôt à la trop grande facilité de se procurer leur subsistance ; tantôt à certaines maladies particulières que sa nature fait éclore, ou développe ; tantôt, enfin, au climat ; c’est-à-dire, au