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mandement et de despotisme ? Le sentiment et l’exercice d’une force puissante ne doivent-ils pas y faire rapporter toutes les idées et toutes les passions, même les idées de justice, et les passions qui n’ont que le bien pour objet ? Les hommes employés par état à verser le sang des animaux, et qui le voyent chaque jour, couler à flots sous leurs yeux, se font remarquer en général[1], par des mœurs dures, impitoyables, féroces. L’on sait qu’il y a des pays où, pour différens actes sociaux, la législation les sépare, en quelque sorte, des autres citoyens.

La manière dont les chasseurs se servent des armes meurtrières, est sans doute très-différente ; aussi, leurs habitudes et leurs penchans ne sont-ils pas ceux des bouchers : mais leur genre de vie, particulièrement l’habitude de donner la mort, les endurcit nécessairement, jusqu’à un certain point : et les fatigues qu’ils supportent ordinairement, ainsi que les dangers qu’ils bravent quel-

  1. Je suis loin de nier les exceptions particulières qu’on peut opposer à celle règle : mais la règle n’en est pas moins constante ; elle est même reconnue pour telle, chez tous les peuples civilisés.