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tire ses plus indispensables matériaux, elles dirigent, étendent et fortifient le plus grand nombre des fonctions sensitives, et réagissent sympathiquement sur les autres : je veux parler ici des opérations des sens proprement dits.

Dans l’état de repos, l’action du système nerveux est entretenue par différens genres d’impressions, dont l’influence dépend des habitudes particulières du sujet. Chez les personnes accoutumées à des travaux manuels très-forts, les organes de la digestion sont ceux qui paraissent agir le plus directement sur le cerveau. Ce n’est pas seulement, comme nous l’avons déjà dit plus d’une fois, par les sucs réparateurs qu’ils y font parvenir ; c’est encore, et c’est sur-tout par les mouvemens sympathiques qui s’y reproduisent durant leur action, que ces organes raniment et soutiennent celle de la sensibilité, renouvellent les sources même de la vie, et déterminent les opérations intellectuelles. De-là vient que ces personnes, quand on les force à garder le repos, sans maladie capable d’énerver directement l’estomac, ont besoin de manger beaucoup pour sentir leur existence : en sorte que, malgré la diminution de puissance diges-