Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une espèce de frénésie. Ce fut sur-tout en Hollande qu’on porta le délire à son comble. Bontekoë, par sa dissertation sur le thé, n’y contribua pas médiocrement. Ce fut aussi chez les Hollandais, que le thé prit d’abord faveur[1]. Dans les premiers temps, on le regardoit comme un simple remède : il est devenu depuis, chez plusieurs peuples, une boisson de première nécessité.

Bontekoë et ses adhérens avoient beaucoup trop célébré les grandes vertus de cette boisson : des médecins modernes ont, de leur côté, je crois, exagéré beaucoup ses inconvéniens. Assurément, le thé ne produit point les miracles que, dans l’origine, une admiration sincère, ou feinte, attribuoit à son usage ; mais il ne produit pas non plus tous les mauvais effets dont on l’accuse. Comme eau chaude, le thé débilite l’estomac, et par conséquent aussi le système nerveux, qui partage si rapidement les impressions reçues par ce vis-

  1. Cette faveur ne fut pas de pur enthousiasme ; il y entra beaucoup de calcul. Les Hollandais, par leurs relations avec le Japon, pouvoient faire alors, le commerce exclusif du thé. Aussi, les États récompensèrent-ils libéralement Bontekoë de sa dissertation.