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celles que fournissent directement les fruits abondans en principe sucré ; et parmi ces dernières, le vin de raisin l’emporte de beaucoup à tous égards.

Par l’habitude des impressions heureuses qu’il occasionne ; par une douce excitation du cerveau ; par un sentiment vif d’accroissement dans les forces musculaires, l’usage du vin nourrit et renouvelle la gaîté, maintient l’esprit dans une activité facile et constante, fait naître et développe les penchans bienveillans, la confiance, la cordialité. Dans les pays de vignobles, les hommes sont en général plus gais, plus spirituels, plus sociables ; ils ont des manières plus ouvertes et plus prévenantes. Leurs querelles sont caractérisées par une violence prompte : mais leurs ressentimens n’ont rien de profond, leurs vengeances rien de perfide et de noir.

L’abus du vin, comme celui des autres stimulans, peut sans doute détruire les forces du système nerveux, affaiblir l’intelligence, abrutir tout à la fois le physique et le moral de l’homme : mais pour produire de tels effets, il faut que cet abus soit porté jusqu’au dernier terme ; il est même rare