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à beaucoup d’indulgence. Son imagination n’étoit plus occupée que de tableaux rians et de plaisirs. Comme la fièvre dura pendant plus d’un an, cet état eut le temps de devenir presque habituel. Deux ou trois ans après, ce malade, qui habitoit alors un département, étant revenu à Paris, je trouvai qu’il se ressentoit encore beaucoup de cette singulière révolution : et quoique son ancienne manière d’être soit ensuite revenue à la longue, il n’a jamais repris ni toute sa mélancolie primitive, ni toute son ancienne âpreté.

On sent bien, sans que je le dise, que dans les maladies aiguës, passagères de leur nature, les effets doivent être passagers aussi bien qu’elles. À moins donc qu’elles ne laissent à leur suite, quelque dérangement chronique, capable d’influer sur les fonctions du cerveau, les nouvelles affections morales que ces maladies auront pu faire naître, s’effaceront à mesure que la santé reviendra. Ainsi, peut-être est-il inutile de considérer les effets des fièvres intermittentes malignes, qui tuent presque infailliblement au troisième ou au quatrième accès, lorsqu’elles ne sont pas étouffées sur-le-champ. Dans les