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deux circonstances ne peuvent avoir lieu, qu’au moyen d’un système vital, sensible et mobile, pour ainsi dire, à l’excès.

De très-long-temps, l’enfant qui vient de naître n’est en état d’exécuter les mouvemens les plus nécessaires à sa conservation. Bien différent en cela, des petits de plusieurs autres espèces d’animaux, ses sens ne lui fournissent aucun jugement précis sur les corps extérieurs ; ses muscles débiles ne peuvent l’aider à se garantir des chocs dangereux, ni même à chercher la mamelle qui doit l’allaiter.

Dans les premiers temps, il diffère peu du fœtus : et sa longue enfance, si favorable d’ailleurs à la culture de toutes ses facultés, exige des soins si continuels et si délicats, qu’ils rendent presque merveilleuse l’existence de l’espèce humaine. Sera-ce le père qui voudra s’assujettir à cette vigilance de tous les momens ; qui saura deviner un langage, ou des signes dont le sens n’est pas encore déterminé pour celui même qui les emploie ? Sera-ce lui qui pourra devancer, par la prévision d’un instinct fin et sûr, non-seulement les nécessités premières, sans cesse renaissantes, mais encore tous ces