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d’être question, l’observateur retrouve encore le même état moral : je parle ici de l’ordre le plus naturel des choses, et je suppose toujours que l’imagination n’ait pas l’habitude d’être vicieusement excitée.

Enfin, dans la mort sénile, le malade n’éprouve que cette difficulté d’être, dont le sentiment fut, en quelque sorte, la seule agonie de Fontenelle. On a besoin de se reposer de la vie, comme d’un travail que les forces ne sont plus en état de prolonger. Les erreurs d’une raison défaillante, ou d’une sensibilité qu’on égare, en la dirigeant vers des objets imaginaires, peuvent seules, à ce moment, empêcher de goûter la mort comme un doux sommeil.

Si l’on avoit observé les maladies dans cet esprit, il n’auroit pas été difficile d’apercevoir que les circonstances physiques qui les caractérisent, et le genre de mort par lequel elles se terminent, ont, avec l’état moral des moribonds, plusieurs rapports directs et constans : et l’on auroit pu tirer de-là, quelques vues utiles sur la manière de rendre leurs derniers momens heureux encore, ou du moins paisibles.

C’est un sujet que Bacon avoit recommandé,