Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mot, pour être, le sont à différens degrés, suivant les dispositions primitives, ou les habitudes propres à chaque individu : je veux dire que l’un a besoin d’en recevoir beaucoup, ou de les recevoir très-fortes, très-vives ; que l’autre n’en peut, en quelque manière, digérer qu’un petit nombre, ou ne les supporte que plus lentes et moins prononcées. Cela dépend de l’état des organes, de la force, ou de la foiblesse du système nerveux, mais sur-tout de la manière dont il sent.

Les sensations de plaisir sont celles que la nature nous invite à chercher : elle nous invite également à fuir celles de la douleur. Il ne faut cependant pas croire que les premières soient toujours utiles, et les secondes toujours nuisibles. L’habitude du plaisir, même lorsqu’il ne va point jusqu’à dégrader directement les forces, nous rend incapables de supporter les changemens brusques que les hasards de la vie peuvent amener. De son côté, la douleur ne donne pas seulement d’utiles leçons : elle contribue aussi plus d’une fois, à fortifier tout le corps ; elle imprime plus de stabilité, d’équilibre et d’aplomb aux systèmes nerveux et musculaire.