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4°. Il est rare qu’elles soient simples ; elles s’associent, se confondent, et changent à tout instant. 5°. La chute des alimens dans l’estomac excite ordinairement l’activité du cerveau. Quand on mange en compagnie, la conversation, sans troubler le plaisir direct du goût, empêche de s’arrêter sur chaque sensation particulière, et de s’en former des images distinctes ; et lorsqu’on mange seul, on est généralement entraîné dans une suite souvent confuse de pensées. 6°. Enfin, il faut aussi, je crois, compter pour quelque chose la disposition spongieuse des nerfs du goût, qui leur permet, à la vérité, de recevoir des sensations vives, mais qui les soustrait à des impressions durables, par les flots de mucosités dont ils sont abreuvés aussi-tôt, et qui délayent, ou dénaturent les principes sapides.

Cependant on a vu des hommes qui mangeoient avec une attention particulière, dont même quelques-uns mangeoient seuls, pour n’être pas distraits du recueillement qu’ils portoient dans leurs repas ; ils sembloient s’être fait une mémoire vive, nette et sûre de tous les goûts des alimens, ou des boissons. J’en ai rencontré qui disoient se rap-