Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

circonstances uniquement relatives aux impressions du tact.

Le tact est le premier sens qui se développe ; c’est le dernier qui s’éteint. Cela doit être, puisqu’il est la base des autres ; puisqu’il est, en quelque sorte, la sensibilité même, et que son entière et générale abolition suppose celle de la vie.

Mais il peut paroître étonnant que le goût, dont les opérations sont liées à l’un de nos premiers besoins, et qui s’exerce par des actes si répétés, n’acquière pas plus promptement le degré de culture, ou de finesse dont il est susceptible ; qu’il ne conserve pas mieux la trace de ce qu’il a senti. L’on doit s’en étonner d’autant plus, que ses impressions se confondent, à quelques égards, avec celles qui accompagnent la digestin stomachique. Les unes et les autres concourent à renforcer le sentiment impérieux de la faim, dont elles dirigent les déterminations. Ce qu’il y a de sûr, c’est que, dans la première enfance, le goût est avide sans être éclairé, ou délicat ; que, dans la jeunesse, ses plaisirs bornés font place à d’autres sensations qui sont d’un tout autre prix, et dont l’influence sur le système, est d’ailleurs