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reçoivent, en général, des impressions plus multipliées, ou plus diverses, et quelques hommes qui se rapprochent d’elles par leur constitution primitive, ou par leurs maladies, ne peuvent également se passer d’un long sommeil. Sa longueur nécessaire peut se mesurer, en quelque sorte, sur la quantité des sensations, autant et plus que sur celle des mouvemens. J’ai connu quelques personnes qui, ne fermant presque pas l’œil depuis plusieurs années, étoient par conséquent dans l’impossibilité de se soustraire entièrement à l’action des objets extérieurs, ou au travail de la mémoire et de l’imagination ; mais qui, chaque jour, éprouvoient, une ou deux fois, une espèce d’engourdissement périodique de quelques heures, pendant lequel elles devenoient à-peu-près incapables de sentir et de penser.

Une autre considération résulte encore ici, de l’examen réfléchi des faits : c’est que l’énergie et la persistance des mouvemens se proportionnent à la force et à la durée des sensations. Je dis à leur force et à leur durée ; car nous venons de voir que des sensations trop vives, trop rapides, trop multipliées produisent un effet contraire. Cette