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principalement de la sensibilité de ces derniers ; et nous voyons tous les jours que ce qui seroit un poison violent pour l’homme sain, n’a presque plus d’effet sur l’homme malade. C’est en mettant à profit cette disposition physique, que les charlatans, de tous les genres et de tous les pays, ont opéré la plupart de leurs miracles : c’est par là que les convulsionnaires de Saint-Médard ont pu souvent étonner les imaginations foibles, de leurs coups d’épée et de bûche, qu’ils appeloient ascétiquement des consolations : c’est la véritable verge magique au moyen de laquelle Mesmer faisoit quelquefois cesser les douleurs habituelles, et, donnant une direction nouvelle à l’attention, établissoit tout-à-coup, dans les constitutions mobiles, des séries de mouvemens inaccoutumés, presque toujours funestes, ou du moins dangereux : c’est ainsi que les illuminés de France et d’Allemagne anéantissent, pour leurs adeptes, l’effet des sensations extérieures, et qu’ils les font exister dans un monde qui ne s’y rapporte en rien[1].

  1. Les visions des illuminés tiennent encore à une autre propriété vitale, dont ce n’est pas ici le lieu de