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plus dans les animaux que dans l’homme ? N’est-ce pas évidemment aux impressions déjà reçues dans la matrice, à l’état des mamelles, à la disposition sympathique où se trouve tout le système nerveux, par rapport à ces organes éminemment sensibles ? Ne voit-on pas constamment l’amour maternel d’autant plus énergique et plus profond, que cette sympathie est plus intime et plus vive ; pourvu toutefois que l’abus, ou l’abstinence déplacée des plaisirs amoureux n’ait pas dénaturé son caractère ? — Il est sûr qu’en général, les femmes froides sont rarement des mères passionnées[1].

Je crois inutile d’insister davantage sur ce point.

Mais le temps qui précède la maternité

  1. Dans mon département et dans plusieurs de ceux qui l’avoisinent, quand on manque de poules couveuses, on emploie une pratique singulière qui mérite d’être remarquée. On prend un chapon, on lui plume l’abdomen, on le frotte avec des orties et du vinaigre ; et, dans l’état d’irritation locale où cette opération l’a mis, on le place sur des œufs. Il y reste d’abord machinalement pour soulager la douleur qu’il éprouve : bientôt il s’établit dans ses entrailles une suite d’impressions inaccoutumées, mais agréables,