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rigoureusement insensibles, peuvent, dans certains états maladifs, devenir susceptibles de vives douleurs : d’où il semble résulter clairement que, dans l’état ordinaire, leur sensibilité, appropriée à la nature de leurs fonctions, est seulement plus foible et plus obscure, par rapport à celle des autres parties.

Mais, au reste, on peut établir comme certain que, dans l’homme, dont il est uniquement ici question, les nerfs sont le siége particulier de la sensibilité ; que ce sont eux qui la distribuent dans tous les organes, dont ils forment le lien général, en établissant entre eux une correspondance plus, ou moins étroite, et faisant concourir leurs fonctions diverses à produire et constituer la vitalité commune.

Une expérience très-simple en fournit la preuve.

Quand on lie, ou coupe tous les troncs de nerfs qui vont se subdiviser et se répandre dans une partie, cette partie devient au même instant, entièrement insensible : on peut la piquer, la déchirer, la cautériser ; l’animal ne s’en apperçoit point : la faculté de tout mouvement volontaire s’y trouve abolie ; bientôt la faculté de recevoir quel-