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se ranger sous les drapeaux de leur patrie d’adoption, ait été accueillie avec faveur.

Les Belges et les Liégeois furent des premiers à s’enrôler, après les Hollandais, toutefois, qui, avec les Brabançons, eurent l’honneur de cette innovation.

Vinrent ensuite les Allobroges, groupant les Savoyards, les Piémontais et les habitants du Valais. Les Autrichiens, Hessois et Prussiens, ne se joignirent que plus tard à ceux qui leur avaient montre l’exemple ; encore fallut-il, pour les décider à se rallier à nos troupes, user de procédés qu’on savait devoir entraîner leur adhésion, mieux que si on avait fait appel à l’humaine solidarité.

On assurait à tout sous-officier ou soldat qui consentait à venir servir dans les rangs de l’armée révolutionnaire une pension de cent livres, sans préjudice d’une gratification de cinquante livres. Les actions d’éclat, les blessures leur valaient les mêmes récompenses qu’aux nationaux.

Le décret de l’Assemblée législative qui édictait ces avantages, aussitôt traduit en allemand, fut affiché en tous lieux, au delà de la Lauter, sur les murs, sur les arbres des routes, à la porte et dans les latrines des cabarets. On s’en servait pour envelopper toutes les marchandises expédiées en Allemagne. On le collait, en guise d’étiquette ou de réclame, sur des bouteilles d’eau-de-vie, qu’on déposait aux abords des avant-postes ennemis. Les paysans de Flandre le mettaient dans l’intérieur de chaque miche de pain qu’ils vendaient aux Autrichiens 2. Il n’y avait pas de moyen trop ingénieux pour servir la cause de la patrie universelle. Une pareille propagande ne pouvait tarder à