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charsis Cloots ; il était, aussi, l’auteur d’un drame sur la Mort de Basseville et la persécution des républicains français à Rome. Durant neuf mois il y avait travaillé sans relâche, plusieurs heures chaque jour, et avant d’en remettre une copie au Comité d’instruction, il avait cru devoir le soumettre à l’appréciation de personnes qualifiées par leur connaissance de la langue allemande pour redresser ses erreurs de traduction et les fautes qui avaient pu lui échapper dans la chaleur de la composition.

Le beau-frère du capucin Chabot, le Mayençais Junius Frey, que Saiffert — il le consigne dans un de ses mémoires apologétiques — avait traité pour des « rhumatismes vénériens », après avoir entendu la lecture de son poème, le prenant à part, eut la franchise de lui dire : « Je me suis bien trouvé jadis de vos conseils, suivez le mien à votre tour : cachez votre pièce et bien vous en trouverez. » Mais le poète médecin, dédaignant cet avis, qu’on lui donnait cependant en tout désintéressement, et convaincu de l’effet que ne manquerait pas de produire son ouvrage « sur la raison égarée du peuple allemand », passa outre et poursuivit son dessein ; son arrestation inopinée empêcha qu’il le mit à exécution.

« Le 16e jour du second mois de l’an second de la République française, une et indivisible », le Comité de sureté générale décrétait que « le docteur Seiffer (sic), Saxon, médecin de Philippe d’Orléans et auparavant de la cy-devant princesse de Lamballe », serait « saisi... et conduit dans une maison d’arrêt, par mesure de sureté publique, pour y rester jusqu’à cc qu’il en soit autrement ordonné ». Ordre était donné, aux autorités civiles et militaires, de se trans-