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porter ses fruits. De nombreux déserteurs allemands se présentèrent, venant offrir leurs services. Qu’allait-on faire de ces hordes indisciplinées ? Deux de leurs compatriotes, dont l’attachement à l’esprit nouveau s’était de bonne heure manifesté, offrirent de créer une légion germanique. L’un se proclamait l’« orateur du genre humain ». Jean-Baptiste (qui s’était prénommé lui-même Anacharsis) Cloots se disait le représentant de tous les amis de la Révolution dans le monde. L’autre, de visées plus modestes, aspirait à réaliser le bonheur du peuple en suivant une voie différente. Bien que tenu, en sa qualité de médecin, à consacrer la plus grande partie de son activité aux malades, surtout aux nécessiteux, le docteur Saiffert avait trouvé le temps de publier une gazette en langue allemande, destinée à répandre dans son pays d’origine les nouveaux principes. Il avait traduit la Déclaration des droits de l’homme, qu’il avait envoyée à Francfort, à Leipzig et à Hambourg, pour y être imprimée à des milliers d’exemplaires. Il avait traduit également et fait parvenir à ses frais les décrets pris dans les assemblées légiférantes, et qui contenaient des « dispositions fraternelles » à l’égard des autres peuples. Persuadé, en outre, que la prose frappe moins la mémoire que les vers, il avait eu recours à la poésie, pour « chanter les prémisses de la liberté et de l’égalité, les jouissances que donnent ces vertus », et peindre « dans toute leur horreur la vie des oppresseurs ».

Cet aède des temps nouveaux ne s’était pas contenté de composer une Marche pour la Légion germanique, qu’il avait fondée de concert avec Ana-