de ses sarcasmes, malgré les conséquences qui eussent pu en résulter pour lui.
Un dimanche, il commença son sermon comme il suit :
« Il y a, mes frères, il y a quatre sortes d’orgueil : l’orgueil de la figure, l’orgueil de la naissance, l’orgueil de la richesse et l’orgueil de l’esprit. Je vous exhorte de toutes mes forces à vous abstenir des trois premiers ; quant au dernier, je ne vous en parlerai pas, car je vous crois tous fort éloignés d’un vice si condamnable. »
Pour se permettre de pareilles impertinences, il fallait bien connaître le public auquel on les destinait.
Avec les sots il était sans pitié.
Un jour, à Dublin, invité à la table du lord-maire, on l’avait placé à côté d’un jeune homme qui, ayant bu plus qu’il ne convenait, se mit à bavarder intarissablement. À la fin, agacé, Swift s’adressant à l’amphitryon : « Milord, lui dit-il, j’ai près de moi un fou qui m’ennuie et me fatigue depuis une heure ; obligez-moi en le congédiant. »
Dans quelque milieu qu’il se trouvât, son esprit sarcastique cherchait une victime aux dépens de qui s’exercer. Nous permettra-t-on de rappeler, à ce propos, l’histoire de la Méditation sur le balai ?
Pendant qu’il était à Londres, Swift passait une partie de son temps chez le comte Barkeley ; il fai-