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On connaît mieux le système dentaire des hommes qui ont vécu à l’époque suivante, où les climats glaciaires précédèrent l’époque chaude du chilléen. Ces êtres primitifs offrent de nombreux stigmates de dégénérescence, que l’on aurait cru devoir correspondre à une civilisation plus avancée.

La carie fait défaut sur ces dentures préhistoriques, mais on observe fréquemment la gingivite, les dépôts de tartre, le déchaussement des dents, dus à l’arthrite chronique et allant, parfois, jusqu’à la pyorrhée véritable.

Des observateurs ont, en outre, signalé une abrasion très spéciale de la denture, qui confirme les hypothèses émises sur le mode de mastication de ces primitifs, mastication qui s’opérait, non par des mouvements d’abaissement, puis d’élévation de la mâchoire, mais bien par des mouvements de déduction et de propulsion[1].

La carie aurait été pour la première fois observée chez les hommes de l’âge du renne. De Quatrefages et Hamy ont cité, comme le plus ancien cas connu de cette lésion, celui d’une molaire d’un des maxillaires d’Aurignac, mais l’âge géologique de ces pièces n’a pas été très sûrement déterminé.

« Dès la fin des temps préhistoriques, consigne M. Bouvet[2], l’homme change son mode d’alimentation : il prépare et cuit ses aliments ; il les découpe avant de les introduire dans sa bouche ; il facilite et abrège, en un mot, le travail de

  1. Pierre Bouvet. Les Lésions dentaires des hommes préhistoriques. Thèse de Paris, 1922.
  2. Op. cit., 37.