Page:Cabanès - Dents et dentistes à travers l’histoire, 1928.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

le traîner par la bride, de peur que la joie et les acclamations du peuple ne le fissent sortir du sérieux qui convient à une pareille cérémonie. Les ajustements du Gros Thomas étoient nouveaux et extraordinaires. Son bonnet d’argent massif avoit à son sommet un globe surmonté d’un coq chantant. Le bas de ce couvre-chef étoit terminé par un retroucy, au milieu duquel on voyoit les armes de France et de Navarre, et sur le côté gauche, un soleil et ces mots : Nec pluribus impar. Son habit écarlate, fait à la turque, étoit orné de dents, de mâchoires et de pierreries du Temple ; de plus, il avoit un plastron d’argent qui représentoit un soleil, mais si lumineux que l’on ne pouvoit le regarder que de côté. Son sabre étoit long de six pieds. Sa suite étoit composée d’un tambour, d’un trompette et d’un porte-drapeau qui marchoient devant lui ; à ses côtés, il avoit un tisanier et un pâtissier[1].|90}}


Cet étalage de luxe n’était que de façade : le Gros Thomas se retira des affaires, sans avoir réalisé autre chose qu’une modeste aisance. « Il s’est borné, dit un contemporain, à 12.000 livres de rente, pour lui et son gros chien. »

Loin du Pont-Neuf, il en eut la nostalgie : qui lui rendrait les gentes demoiselles, accourues pour lui prodiguer leurs faciles galanteries ?

Lorsque la police se mettait à faire la chasse aux filles égarées autre part que dans les sentiers peu fréquentés de la vertu, c’est sur le Pont-Neuf

  1. Édouard Fournier, Histoire du Pont-Neuf, 1re partie.