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efficacement les molaires cariées ; aussi, notre chirurgien conseillait-il d’enlever la couronne pour donner issue « à l’humeur corrompue qui se trouve enfermée dans la cavité ». Il dit « avoir vu beaucoup d’abcès dans l’intérieur des dents sans qu’elles fussent gâtées entièrement, et qu’après les avoir rompues, il y avait trouvé une pourriture d’une odeur insupportable, ce qui ne provenait que d’une humeur épanchée, qui, ne pouvant s’évacuer, s’était corrompue dans la dent même, d’autant plus aisément que la veine, l’artère et le nerf y étant logés à l’étroit, ils sont aussitôt tendus et engorgés par les humeurs qu’ils y apportent ». À une époque où l’avulsion des dents était l’ultima ratio, le traitement presque exclusif de l’odontalgie, de pareilles théories étaient une nouveauté hardie.

Mais ce n’est pas tout : Urbain Hémard parle, avec maints détails, de la stomatite mercurielle, non pas seulement de celle qui était la conséquence du traitement de l’avarie par ce remède actif, mais aussi celle qui résultait de l’emploi des fards, dont ses contemporains faisaient abus. Hémard signale les dangers que les dames courent à employer de tels poisons et, pour les atténuer, il conseille, avant l’application de ces ingrédients plus ou moins toxiques, de se frotter les dents avec de la thériaque