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obstinément. Las de lutter, le baron s’arrête à un moyen extrême.

— Ma chère Adeline, lui dit-il, vous redoutez une souffrance imaginaire, et je vais vous le prouver. Mes trente-deux dents, vous le voyez, sont au grand complet, et parfaitement saines… Eh bien ! Si monsieur m’en arrachait une… seriez-vous, après cela, convaincue du peu d’importance de l’opération et… vous laisseriez-vous arracher votre dent ?

— Je le crois.

Le baron se campe résolument sur le siège, à la place qu’occupait la patiente ; le dentiste prend sa clé et, choisissant la plus belle dent du dévoué baron, la fait sauter sans douleur.

— Vous le voyez, mignonne, reprend le baron, quelque peu ému, c’est moins que rien ; maintenant, à votre tour.

La belle Adeline eut l’air de céder ; mais, bientôt, d’un ton dégagé :

— C’est singulier, dit-elle, voilà que je ne souffre plus.

— Mais la souffrance reviendra.

— Vous le croyez ? Moi, je ne le crois pas.

— Adeline, cette dent arrachée témoigne de votre engagement.

— Oui, sans doute, je me suis engagée, attendant mon courage du vôtre, mais vous avez pâli.