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— De l’ivoire, ces dents ? Mais vous plaisantez ?

Un coup de tenaille et une dent était pulvérisée.

— Mais !… objectait le vendeur.

— Pardon ; vos dents ne sont pas en ivoire. Je vous offre 75 centimes par dent.

Neuf fois sur dix, le client acceptait cette offre. Aussitôt qu’il était parti, l’acheteuse brisait toutes les dents pour en extraire le platine qu’elles contenaient.

Le platine a une densité élevée, on le sait. Notre interlocutrice nous a déclaré que, d’après son expérience, il lui fallait « 22 crochets » en platine pour faire un gramme. Elle basait ses calculs sur ce nombre pour faire ses prix, qui variaient de 50 centimes à 1 franc la dent, selon la plus ou moins grande connaissance de ses visiteurs.

Le métier n’était pas, toutefois, sans risques. Parfois, au lieu de platine, l’acheteuse découvrait simplement de l’or ou de l’argent. Au prix de ces métaux, l’opération était désastreuse.

Un dentiste diplômé ou un orfèvre ne se fût pas trompé ; mais les personnes n’ayant aucune connaissance spéciale s’y laissaient parfois prendre.

Quand le « métier » rendait bien, le bénéfice était énorme. Rouen et Le Havre, par exemple, rapportèrent net mille francs par semaine aux premières