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mandibule de monsieur Saint-Louis, tout entière défaillant à l’exception d’une dent[1] ». Il avait perdu celles qui lui manquaient en Orient, au cours de la Croisade. C’était, apparemment, du scorbut dont il était affecté ; le texte du chroniqueur Joinville, qui l’accompagnait dans son expédition contre les infidèles, ne donne matière à aucune équivoque :


Il venoit tant de chair morte aux gencives de nos gens qu’il convenoit que nos barbiers l’enlevassent, pour leur permettre de mâcher et d’avaler. C’étoit grand’ pitié d’ouïr crier dans l’armée les gens à qui l’on coupoit les chairs, car ils crioient tout ainsi que femmes qui sont en train d’accoucher.


Qui n’a remarqué l’épaisseur des lèvres chez François Ier[2], cette bouche sensuelle et joyeuse, indice des fortes passions si admirablement rendue par son peintre, le Titien ? Henri III avait, au contraire les lèvres minces et pincées, qui le caractérisent si bien.

Charles-Quint, François II ont la bouche des adénoïdiens, que nous avons trop souvent décrite, pour nous y attarder.

  1. Inventaire du Trésor de Saint-Denis, dressé en 1634 (Alf. Franklin, La vie privée au temps des premiers Capétiens).
  2. François Ier avait, sans doute, de mauvaises dents, car il avait attaché à sa personne un dentiste en titre, Guillaume Coureil, indépendamment de son médecin, Jean Goeurot, qui se piquait de connaissances en art dentaire et publia même un petit volume sur ce sujet.