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On ne se doute pas des secrets que livre la bouche humaine, au physiognomoniste doublé d’un philosophe. Voici, d’après des portraits choisis parmi les plus authentiques, quelques bouches historiques.

Nous voici en présence de l’Homère de la poésie chrétienne, de l’immortel gibelin, le poète de la Divine Comédie, peint par son ami Giotto :


Il y a dans l’ensemble de la conformation buccale, de la fierté, de l’ironie, de la colère ; les lèvres semblent collées l’une à l’autre, comme si elles voulaient enlacer dans une étreinte convulsive toute une génération abhorrée. Qu’on étudie bien la bouche du Dante, et on y trouvera le type du proscrit et du conspirateur.


La bouche du Tasse offre des « signes très marqués de tristesse et d’amertume. La lèvre supérieure du Tasse est proéminente et indique une passion très contrariée… La lèvre inférieure se contracte aux deux extrémités, signe évident d’une imagination par trop exaltée ».

La sensualité éclate dans toute la physionomie de l’Arioste ; on lit, à travers ces traits, cette imagination joyeuse et débordante, qui faisait dire à un pape, après avoir lu l’Orlando furioso : « Où donc avez-vous trouvé toutes ces balivernes, seigneur Arioste ? » On sait combien l’Arioste était gourmand et débauché ; il ne démentait pas l’idée qu’on s’en fait d’après ses effigies.