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ils étaient d’or et d’argent. Le cure-dent était alors conservé dans un étui, ou était suspendu à un cordon. Au siècle suivant, on avait substitué au cure-dent, et pour le même objet, des lacets de soie très fins, que l’on se passait entre les dents après les repas. Le mot cure-dent n’entra réellement dans la langue qu’au XVIe siècle. Gargantua en fait usage. Ambroise Paré dit qu’on en apporte en Cour, du Languedoc, où le bois de lentisque est commun. Coligny s’en servait continuellement, au point que c’était devenu chez lui une manie : il le mâchonnait, le logeait sur son oreille, le piquait dans sa barbe. Les Italiens en avaient fait un proverbe : « Dieu me garde de la douce façon et gentille du prince de Condé (celui qui fut tué à Jarnac, Louis de Bourbon), et de l’esprit et curedent de l’Admiral. » Une tradition veut qu’après la Saint-Barthélemy, le corps de l’amiral Coligny fut exposé avec un cure-dent à la bouche ; aucun témoignage contemporain ne confirme cette légende.

Le roitelet François II possédait des cure-dents de riche métal, mais ne paraît pas s’en être servi. Il était de bon ton, dans la première moitié du XVIIe siècle, de mâcher de l’anis confit et de ronger sans cesse un cure-dent : ainsi le prescrivait le Courtisan à la mode (1625). Le cure-dent devait être tiré d’un bois de bonne odeur et possédant des vertus astringentes,