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Scribonius Largus, qui décrit de nombreux dentifrices, semble les regarder, comme le fait Martial, comme propres à préserver la beauté des dents, plutôt qu’à les guérir. Par lui nous apprenons que la corne de cerf calcinée était un des ingrédients qui composaient la poudre dentifrice de Messaline, femme de l’empereur Claude. Ce qui prouve que les constituants calcaires des poudres modernes ont une ancienne origine[1].


Le remède était préférable, à tout prendre, à celui que préconisait Pline, dont la crédulité ne connaît pas de limites. « Il y a avantage, assure le naturaliste, à introduire dans la dent creuse les cendres de crottes de souris ou de foie desséché de lézards. »

La fétidité de la bouche devait être commune chez les Romains, puisqu’ils avaient un mot pour la désigner : fo etor, fo etere. L’auteur de l’Histoire naturelle que nous venons de nommer, préconisait le persil contre cette fâcheuse incommodité. C’est pour cette raison que les danseuses de théâtre mâchaient constamment de cette plante, « de tous les cosmétiques le plus naturel, le plus sûr et le plus innocent ».

La grande vogue du persil était due à son origine sacrée ; on le prétendait sorti spontanément du sang d’un cyclope, enterré au pied du mont Olympe. Les Corybantes, dans leurs mystères, regardaient comme un crime de mettre sur leur table une plante entière

  1. Curiosités historiques de l’art dentaire, par É. Grimard, Bordeaux, 1905.