lointaine ; ne pouvant pas remporter tout entier ce corps, on en choisissait la partie la plus facile à séparer, à conserver et à faire voyager ; et prenant cette partie pour le tout, on accomplissait sur elle les lois du pays, des devoirs de famille et le ministère de la religion : telle est, du moins, l’opinion de M. Mongez[1], qui présume que ces vases pourraient bien être du temps des Croisades et contenir des dents de croisés teutons qui, en mourant chez les infidèles, auraient exprimé le désir que cette faible portion d’eux-mêmes fût inhumée dans leur terre natale et sainte.
Percy, en rapportant cette hypothèse, nous en soumet une autre, dont on pourra discuter la valeur, si on le juge à propos.
L’incorruptibilité de ces os les avait fait regarder, par les anciens, comme autant de germes de reproduction, et c’est en ce sens qu’ils avaient adopté la fable de Cadmus, semant des dents de dragon pour faire croître des soldats. Ils appelaient la dent le seminarium immortalitatis. Ne pourrait-on supposer que, pour s’assurer le moyen de renaître un jour, quelques anciens, imbus de ce préjugé, aient exigé qu’après leur mort, et avant d’être portés au bûcher, une dent, et de préférence une des plus
- ↑ Cf. Histoire de la vie et des ouvrages de P.-F. Percy, par C. Laurent, 496.