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à un cabri, et il n’est comparaison plus injurieuse.

Le mode opératoire de l’extraction n’est pas sans intérêt : l’avulsion est précédée du déchaussement des dents, en détruisant par la chaleur la gencive qui enserre le collet de chaque dent. Ayant remarqué que la dent luxée restait adhérente à la gencive, les opérateurs indigènes ont essayé de trouver un moyen de détruire, avant l’extraction, cette gencive gênante. Le procédé est aussi simple qu’inattendu.


Après avoir préparé un feu de branches déjà demi-calcinées, ils placent sur les charbons ardents l’enveloppe fibreuse de plusieurs bananes (fruit très commun dans cette région). Quand le feu les a calcinées, elles sont prises par l’opérateur et placées brûlantes à plusieurs reprises sur le bord gingival des dents à extraire, jusqu’à ce que la gencive soit détruite… Les adhérences détruites, l’opérateur va procéder à l’extraction. Pour ce, il se munit d’un morceau de bois, auquel il donne la forme d’un maillet et d’une tige de bois dur, courte, de la largeur d’une dent. L’extrémité agissante de cette tige est polie par frottement sur la pierre du foyer. L’opérateur s’assoit à son aise, ayant devant lui le patient, dont la tête est maintenue par des aides. Un morceau de rotin est mis entre les dents du patient, en guise d’écarteur maxillaire ; la face polie du morceau de bois est remplacée sur la face externe d’une des incisives. Mû par la main de l’opérateur, le maillet frappe à coups secs l’extrémité libre du bâton et chasse ainsi de son alvéole, petit à petit, l’une puis l’autre incisive médiane inférieure[1].


  1. La Semaine dentaire, 9 mai 1926.