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de ses correspondantes, Madame des Ursins, qu’on ne l’entendait plus, parce que la prononciation s’en était allée avec les dents.

Les râteliers de cette époque, ou d’une époque peu antérieure, étaient d’une construction si vicieuse, qu’on les ôtait pour manger. On a souvent reproduit ce passage des Historiettes, de Tallemant des Réaux.


Mademoiselle de Gournay, fille d’alliance de Montaigne, avait un râtelier de dents de loup marin ; elle l’ostait en mangeant, mais le remettait pour parler plus facilement, et cela assez adroitement à table ; quand les autres parlaient, elle ostait son râtelier et se dépeschait à doubler les morceaux et après elle remettait son râtelier pour dire sa râtelée[1].


Les mignons de Henri III ne répugnaient pas à porter des dents artificielles, mais ils les ôtaient avant de prendre place à table. Les râteliers de cette époque servaient donc moins à la mastication des aliments, qu’à aider à la prononciation, et à conserver les traits du visage.

Au XVIIIe siècle, les dentiers se sont perfectionnés ; le dentiste Ladoucette annonce qu’il vient d’imaginer « de nouveaux ressorts en or, pour maintenir, avec toute la solidité possible, les mâchoires artificielles dans l’usage de la mastication et de

  1. Historiettes, t. II, p. 346.