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vii
DE LA RAISON PURE


concept de 5 des doigts de ma main comme d’intuition, j’ajoute peu à peu au nombre 7, à l’aide de cette image, les unités que j’avais d’abord réunies pour former le nombre cinq, et j’en vois résulter le nombre 12. Dans le concept d’une somme 7 5, j’ai bien reconnu que 7 devait être ajouté à 5, mais non pas que cette somme était égale à 12. Les propositions arithmétiques sont donc toujours synthétiques ; c’est ce que l’on verra plus clairement encore en prenant des nombres plus grands… Les principes de la géométrie ne sont pas davantage analytiques. C’est une proposition synthétique que celle-ci : entre deux points la ligne droite est la plus courte. En effet, mon concept de droit ne contient rien qui se rapporte à la quantité ; il n’exprime qu’une qualité. Le concept du plus court est donc une véritable addition, et il n’y a pas d’analyse qui puisse le faire sortir du concept de la ligne droite. Il faut donc ici encore recourir à l’intuition ; elle seule rend possible la synthèse. »

Comment les jugements analytiques sont possibles.

Mais reste toujours à expliquer en général l’existence de jugements synthétiques à priori. Il n’y a point de difficulté au sujet des jugements d’expérience. On comprend très-bien comment ils peuvent être synthétiques, puisque c’est l’expérience même qui en forme la synthèse ;

Problème fondamental de la Critique de la raison pure.

mais comment est-il possible qu’il y ait des jugements synthétiques à priori, comme celui-ci : tout ce qui arrive a sa cause ? Là est pourtant le problème capital de la critique de la raison pure (v. p. 68. — Cf. les lignes qui figuraient ici dans la première édition avec la note correspondante).

C’est en effet, suivant lui (p. 63), de la solution de ce problème ou de l’impossibilité démontrée de le résoudre que dépend le salut ou la ruine de la métaphysique. L’échec qu’ont subi toutes les tentatives de la métaphysique, grâce à la voie détestable qu’elles avaient suivie, a fait douter de sa possibilité. Mais comme, d’une part, elle existe toujours, sinon à titre de science, du moins à titre de disposition naturelle, et comme, d’autre part, les questions qu’elle soulève étant inévitables, il faut bien qu’il soit possible de décider ce que la raison peut ici ou ne peut pas, il y a lieu de se demander comment ces questions naissent de la nature de l’intelligence humaine en général, ou comment la métaphysique est possible à titre de disposition naturelle, et à quelle solution certaine la raison pure peut arriver à leur égard, ou