Page:C31 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage de L’Honorable Philippe-Auguste Choquette, membre du Sénat du Canada BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/3

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Q. Était-ce Girouard ?


R. Non, Girouard était rendu dans la Côte avec un peloton d’hommes. Je n’ai connu ni l’Officier, ni les soldats. Les soldats se sont très-bien conduits, ils n’ont pas dit un mot, et l’autre groupe de soldats n’a pas dit un mot non plus. Alors, il a dit à ses hommes : « Suivez-nous. » Les hommes sont partis en arrière, avec le fusil en mains et la baïonnette et ils nous ont suivis. Je le tenais par le bras. Je dis à la foule : « Écoutez, mes amis, c’est inutile de rester ici, à crier, vous allez vous faire tuer. » Quelqu’un a dit : « Ils ne tireront pas. » Je dis : « Je vous dis qu’ils vont tirer et que vous avez tort de rester ici, et vous faites mieux de vous en aller. » La-dessus, un Anglais est arrivé en disant en anglais : « Sommes-nous en Prusse qu’on ne peut pas sortir dans les rues ? » J’ai dit : « Mon ami, ce n’est pas la question, vous devez vous en aller. » Il y avait des gens qui suivaient,… je ne connaissais personne. Je n’avais pas peur mais, enfin, j’avais peur qu’il y ait du brouhaha. Personne ne disait rien. Ça criait un petit peu. Heureusement qu’il y avait une couple de jeunes gens qui me connaissaient. Ils sont venus en avant et ils ont dit : « C’est M. Choquette, c’est un de nos amis, il est contre la conscription, on va l’écouter. » — ajoutant : « On est pas armé ce soir, mais on reviendra, allons-nous-en. » Tout de même, on poussait la foule qui s’en allait. Comme je me retournais, pour passer la foule, j’ai des soldats passant à course de cheval sur le trottoir, comme des cow-boys qui passent au travers un troupeau d’animaux. Cela a remonté la foule. Les gens étaient très-excités. J’ai dit à l’Officier qui était avec moi : « Why don’t you tell them to stop. Be quiet, the crowd is going away. » Alors, les soldats à cheval