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pour essayer de faire une charge dans la foule en rassemblant les hommes que j’avais à ma disposition, mais je reçus aussitôt un morceau de glace sur les épaules et je constatai que les manifestants se tenaient en arrière de la foule où il était pratiquement impossible de les atteindre. Nous courrions risque de nous voir débordés et de voir quelques uns des manifestants atteindre les officiers fédéraux auxquels ils voulaient faire un mauvais parti. On entendait des gens dire : « On va lyncher Bélanger ». Ma seule préoccupation était de sauver leur vie.


Le constable Jobin m’ayant dit qu’il y avait moyen de trouver une issue chez le voisin en défonçant la cloison de la cave, je l’envoyai tenter de mettre ce projet à exécution. Il fut assez grièvement blessé à la figure mais me fit rapport que les agents avait réussi à se réfugier dans la cave.


À ce moment le Maire arriva en voiture, avec l’échevin Lesage, et traversa la foule ; près de la station, le Maire adressa la parole aux gens.


Mais une fois l’automobile partie, la foule devint encore plus agitée, et nous fûmes complètement débordés. J’étais convaincu alors que les hommes de la police avaient réussi à se mettre en sûreté en passant par la cave, à l’exception du Capitaine Desrochers qui avait été secouru par d’anciens compagnons de milice, non toutefois sans avoir été blessé légèrement. La station était vidée, la foule se divisa en deux groupes dont un se di-