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R. Mais il n’y avait pas rien qu’eux, il n’y avait pas rien que les manifestants, il y avait la foule, il y avait des femmes et des enfants et tous les curieux mêlés sur le trottoir. On ne pouvait pas tirer à travers ça et attraper n’importe qui.


Q. C’est leur imprudence d’être là — n’est-il pas vrai que c’est la loi, si vous êtes incapable de faire retirer, de faire calmer ou apaiser une foule, que vous avez droit de tirer même s’il n’y a pas de vies en danger, mais simplement pour sauver la propriété ?


R. On peut toujours tirer, mais c’est plus prudent de ne pas tirer à peu près dans une foule de citoyens comme ça.


Q. Et vous avez pensé que ça serait mieux de laisser saccager l’Auditorium que de tirer sur la foule ?


R. Je n’avais pas le choix.


Q. Pourquoi ?


R. Pour l’Auditorium ou ailleurs.


Q. Pourquoi ?


R. Parce que je ne pouvais pas tirer sur la foule. Mes hommes avaient ordres de ne pas tirer sur la foule.


Q. Parce que vous avez préféré laisser saccager l’Auditorium au lieu de tirer sur la foule ?


R. Si j’avais pu faire rentrer mes hommes dans le haut de l’Auditorium, si j’avais eu affaire rien qu’aux manifestants comme dans une émeute ordinaire, eux aussi auraient chargé à bâton et à coups de feu.


Q. Comme chef policier vous dites que chaque fois dans une émeute il y a des curieux qui sont là pour regarder, vous ne pouvez pas tirer mais vous allez tout laisser faire pour sauver les curieux ?