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Très volontiers. On s’en est retourné à la Place Jacques Cartier. Nous avons fait une espèce de procession triomphale dans la rue. En passant devant la Gare du Palais, il y eut beaucoup de cris, de hourah ! la foule paraissait d’excellente humeur et elle a même suggéré de me porter en triomphe — mais ce n’est pas très confortable et que je n’étais pas là pour ça, j’ai refusé. Arrivé sur la Place Jacques Cartier, il devait y avoir quatre à cinq mille personnes. Évidemment la manifestation s’était grossie du long du chemin car tout le monde annonçait que nous allions avoir une assemblée sur la Place Jacques Cartier.


Q. Quelle heure était-il ?


R. Il devait être huit heures trois quarts ou neuf heures je suppose. Arrivé sur la place Jacques Cartier, je me suis dirigé vers le Poste de Police à l’endroit où se font les assemblées ordinairement. Un homme de police est venu au devant de moi et il dit : M. Lavergne je vas monter en haut avec vous pour qu’on vous ouvre la porte. Je suis monté en haut et j’ai répété les mêmes remarques à la foule — et évidemment je ne me suis pas annoncé là comme le plus ferme partisan du Gouvernement ni le plus violent conscriptioniste — au contraire. D’ailleurs si j’avais débuté dans ce sens mes remarques auraient été très courtes. J’ai déclaré que j’étais contre la conscription, qu’on me connaissait, qu’on savait quelles étaient mes