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mit en devoir de prémunir son troupeau. Il cherche à inspirer à ses enfants spirituels cette noble liberté chrétienne, qui ne craint ni les tortures, ni la mort ; il leur montre le ciel pour récompense de leur fermeté. Son zèle et sa charité le font parcourir le territoire de Tournai et les environs du lieu, où plus tard se trouvera Lille. Il prêchait à Verlinghem, non loin d’un temple d’idoles, à une foule considérable, lorsqu’arrive Décius, l’un des officiers de Rictiover, avec ses satellites. Chrysole est aussitôt chargé de chaînes ; on souille son visage de crachats, on le dépouille de ses vêtements, on l’accable de coups ; sa chair vole en lambeaux, et le sang ruisselle de tout son corps. Calme et patient, notre glorieux martyr prie pour ses persécuteurs, et offre à Dieu son sang pour la conversion des peuples qu’il a évangélisés. Après l’avoir accablé des plus sanglants outrages, Décius ordonne de le mettre à mort et de lui trancher la tête.

Soit maladresse de la part du bourreau, soit mépris pour sa couronne épiscopale, on ne lui amputa que le sommet de la tête. La cervelle du Saint se répandit par terre, Sparso in ierram cerebro truncatus est. Les soldats le voyant étendu sans mouvement, se retirèrent. Ils s’imaginaient que les chrétiens, privés de leur chef, retourneraient aux idoles, mais pour les confirmer dans la Foi, le ciel fera de nombreux miracles. Une fontaine que l’on voit encore de nos jours, jaillit à l’endroit même où le Saint a été frappé. La légende ajoute encore que saint Chrysole, laissé pour mort, se releva peu après que les soldats furent partis, et que ramassant la partie de sa tête que le glaive a séparée, il s’achemina vers Comines.