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Dieu ? Dieu de la Guerre, du Meurtre, des Terreurs, de l’Enfer, de l’Incendie, des Déluges, des Disettes et des Contagions, monstre de haine, instrument de vengeance, anthropophage enfin ? Pour Dieu comment le voulez-vous ?

Moi, je l’adore comme Homme, généralement aimant, généralement aimé. Comme Dieu, je ne connais de lui que ses prêtres. 329 Et s’il revenait, ses prêtres le crucifieraient, ainsi que fit Pilate, en se lavant les mains. Et ses prêtres ne sont pas des hommes ; ce sont des choses qui végètent sous la robe noire. Et je les saignerais comme on saigne un chapon !


II


Ô mes contemporains ! honnêtes bourgeois de France, écoutez un récit :

En 1839 vivrait à Paris un homme grand entre tous et d’esprit et d’amour, un Homme-Dieu ! Il avait nom Barbès ! Armand Barbès ! !


À peine cet homme eut-il l’âge de raison, qu’il se prit à méditer sur le sort de sa race, et ne la trouva pas heureuse : — qu’il se prit à réfléchir sur les droits de sa race, sur sa liberté, sa conscience, sa fierté, son honneur. Et qu’il trouva tout cela violé, foulé sous les pieds des rois et des traitants, comme un marc de vendange.

Et dès qu’il eût acquis cette conviction, cet homme, Armand Barbès, tendit au grand jour les