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— Héritage, Épargne, Propriété, voilà ce que vous appelez des biens, imbéciles occupants d’aujourd’hui. Conservez donc aussi les maux que ces biens-là vous causent, soyez-en seigneurs et héritiers dans les siècles des siècles ! Et que les supplices de l’Enfer ne vous en délivrent point !

Entre les murs de fer, de pierres ou d’épines, vous renfermez les instruments de travail et de fête dont l’usage appartient à tous. En semant sur ces murs des tessons de bouteilles, vous dites : « ici n’entrera point mon semblable ; sur ces verres tranchants il s’écorchera les mains et les pieds ; s’il n’a rien à manger, rien à boire, qu’il vive de sa chair et du sang de sa chair ! J’exproprie l’Humanité pour cause d’utilité particulière. Chacun chez soi, chacun pour soi ! Dieu reconnaît les siens ! »

Mais la Justice qui n’est autre chose, entendez-vous, que la Nécessité, la Justice éternelle, inéluctable, sidérante, infinie, l’impitoyable Justice s’attache à vos pas. Et refermant votre enceinte de pierres dans une enceinte de tourments et de remords, elle dit :

« Tu périras, ô riche, par défaut de travail et de mouvement ; tu seras troué par les balles des révoltes que tu provoques. Car le mouvement, c’est l’existence ; le travail, c’est l’attrait qui l’entretient ; et la Révolution, c’est la revendication qui ne périme 322 jamais, c’est le droit éternel du déshérité ! L’inique ouvrage de tes mains, ô riche,