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bon ou sous les baisers des vagues, en se brûlant la cervelle. N’avons-nous pas éprouvé mille fois ces sensations dans nos rêves ? Et les avons-nous trouvées poignantes, intolérables, comme les affres de la douleur qui ne passe pas ? —

Quand nous souffrons trop, remettons-nous donc avec confiance entre les mains des siècles diligents que jamais n’épuiseront sur notre être l’éternelle série de leurs transformations.




… Pendant trois mois d’hiver, j’eus de ces rêves affreux qui suspendent les battements du cœur et provoquent notre main furieuse à nous ôter la vie… Reviendront-ils ? je l’ignore. Mais si je les prévoyais par malheur, je n’aurais certainement plus le désir de leur résister.

— Les phénomènes qui se passent dans l’esprit de l’homme observateur sont utiles à connaître parce qu’ils reflètent les préoccupations de son temps. Je surmonterai donc la répugnance qui me laisse le souvenir de ces rêves, et je les écrirai :


J’ai trente ans, me disais-je ; c’est l’âge fatidique où la Santé se retire des miens. Alors, ils languissent pendant quelque temps dans des angoisses indescriptibles. Puis la Nature charitable leur envoie le sommeil des morts ou le délire des fous.

Fou ! Ce mot-là m’effraie ; je ne veux pas le devenir. Ah ! mille morts plutôt qu’une parole de