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la mort par le suicide à cette lente torture par la misère, et que je dis : le suicide est un bien ! Est-ce ma faute, ou la vôtre ? »

Ah ! Malthusiens hypocrites et misérables ! Et que faites-vous donc en entretenant la guerre, le paupérisme et le malheur dans les sociétés ? Que faites-vous en proposant des contraintes morales, des procédés sexuels, hygiéniques, sociaux, ingénieux et 319 chirurgicaux contre la propagation de l’espèce ? Vous suicidez l’humanité, si je ne me trompe, et par les plus lentes des tortures, par les plus cruelles, par la misère et la privation. Moi, dans une société comme la nôtre, j’aime mieux pousser l’homme trop malheureux à se détruire par le fer ou le poison. Oui, si dans un seul cas, je me reconnaissais le droit d’exercer une autorité sur l’esprit de mes semblables, je conseillerais le suicide à quiconque m’affirmerait ne plus pouvoir supporter l’existence ! Et ce conseil, je le donnerais dans tout le calme de ma conscience, comme le médecin qui, désespérant d’arrêter la gangrène d’un membre au moyen d’une médication générale, propose l’amputation.


XXXII


Si, lisant ces lignes, quelqu’un de ces grands infortunés y puisait le courage de se détruire, je ne regarderais pas comme perdu le temps que j’ai mis à les rédiger.