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de nos facultés. Quand un homme se sent irrésistiblement attiré vers le suicide, c’est que toutes ses forces ne sont pas employées ici-bas ; c’est qu’il entend les voix de ses amis morts qui l’appellent dans un autre monde ; c’est qu’il ne peut douter qu’il y sera plus heureux, plus utile, plus libre que dans celui-ci. Le divin égoïsme qui prend racine dans l’âme des Christ et des Barbès, et qui, réfléchi sur les sociétés, produit la délivrance de tous, n’est autre chose après tout qu’une ambition sublime, la dévorante soif d’une immense gloire à venir, la fascination que la Mort exerce sur nous, l’aspiration à l’Immortalité !

Le Suicide, c’est le plus rapide des anges qui président aux résurrections !

— « Qui donc ose prêcher le Suicide dans cette société ? N’est-elle pas assez malheureuse ? » — Ainsi diront les Malthusiens.

— « Eh bien ! c’est moi, mes maîtres, moi qui signe tous mes actes de mon nom, et dont chaque parole est un acte. Livrez-moi donc une fois de plus à vos tribunaux ! »

— « Homme de haine et de meurtre, malheur à vous qui montrez à toute cette génération la pente funeste où il y a du sang, du sang chaud qui enivre ! Malheur à vous qui poussez les hommes par les épaules au gouffre de la Mort ! » — Ainsi diront les Malthusiens.

— « Et si cette génération m’approuve, c’est que votre société, c’est le chevalet de Ribera ; c’est que je suis dans le vrai quand je compare