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plume rebelle à mes efforts ; qu’il la réchauffe, la ramollisse, la ploie sous ma main comme un métal fusible :

Afin que chaque battement de mon cœur se retrouve dans chaque mot, dans chaque lettre déposés sur ce papier.

Car c’est encore une grande revendication, celle que j’entreprends aujourd’hui pour une femme qui sut aimer, pour une morte, contre tous les hommes calculateurs, contre la civilisation vivante !

De l’univers des tombes, levez-vous, ombres des forts, victimes salies par la main des sociétés jugeuses, vous qui portez au front l’auréole d’épines… levez-vous !

Lève-toi, Christ crucifié par Pilate ! Lève-toi, Montcharmont guillotiné !

Et puissiez-vous rendre ma voix inflexible comme la Justice, 306 opiniâtre comme la Vengeance, terrible comme la trompette du prophète et du soldat !


XIII


Exilé sur la terre, je parcours les allées désertes d’un camposanto d’Italie. Je foule aux pieds la fraîche mousse qui recouvre ton beau corps inanimé, Marina ! Oh laisse-moi détacher de ton immortelle couronne la fleur de la pervenche et la branche noire du cyprès ! Parfums de douleur et d’amour, couvrez-moi de vos nuages roses. Et toi,