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… « Vous qui relèverez mon corps, vous qui viendrez vous asseoir sur le gazon de ma tombe, vous que l’amour tue, vous que l’amour fait vivre ! une larme, une prière en passant pour la 305 pauvre Marina. Ce sont des pleurs sacrés, ceux qu’on verse sur le malheur !

« Oh ! ne m’accusez pas. Car mon âme s’envole, semblable à la fleur de l’anémone froissée sous le sabot du ruminant. L’anémone ne vit qu’une heure, mais bleue, mais pure, symbole d’espérance et d’amour. Oh ! ne m’accusez pas ! »


XII


Certes plus touchants que ceux-ci furent les adieux sur lesquels la Marina déposa son dernier baiser. Mais je n’ai que ma plume pour reproduire le sublime langage d’une âme qui rompt ses fers !

Ô plume ! tu n’es bonne qu’à salir les doigts des érudits, et je te briserais sur leurs fronts, instruments misérable, tant l’impatience de ma pensée souffre de ta lenteur !

Du moins si je tenais dans cette droite émue l’archet ou le pinceau, je ferais admirer au monde la libre et fière femme qui mourut pour racheter ses compagnes de la servitude imposée par les hommes !


À moi donc, à moi tout le sang de mes veines ouvertes ! Qu’il descende goutte à goutte dans cette